Dans le train Marseille-La Garrigue, Marius et Olive, toujours prêts à faire une bonne blague, décident de prendre leur voisin d’en face comme tête de turc.
– A la guerre, commence Marius, j’ai reçu un obus sur la jambe. C’était épouvantable, j’ai eu la jambe coupée jusqu’au haut de la cuisse. Heureusement, tu connais mes réflexes, comme j’avais du fil dans ma poche, je me la suis recousue moi-même. Aujourd’hui, comme tu le vois, je marche comme tout le monde !
– C’est rien, peuchère, fait Olive. Moi, c’est ma tête qu’un obus a emportée. Dans le noir, je l’ai recherchée, j’ai mis la main dessus et je me la suis remise.
Le voyageur qui leur fait face n’a pas bronché. Déçu, Marius l’interpelle :
– Vous avez fait la guerre aussi, monsieur ?
– Oui, oui, répond l’autre.
– Et, pas de blessures ?
Alors le voyageur :
– Peuchère, qu’est-ce que vous me dites là ? Moi, j’ai été tué sur le coup la première journée.